190 I,A QUESTION D’EXTRÊME-ORIENT cates, et même criminelles, ne saurait durer longtemps, sans que les deux contractants prennent ombrage de leurs propres excès, et ne s’en tiennent une rigueur bien propre à relâcher et à détruire une si scandaleuse entente. Les trois instruments qui précèdent, en changeant, en altérant le droit de souveraineté des régions auxquelles ils s’appliquent, supposent une grande prépondérance de la part du principal contractant; quand cette prépondérance n'est pas suffisante, ou quand le principal contractant est empêché par la rivalité de puissances voisines, il a recours à d’autres moyens ; les droits du premier propriétaire sont toujours altérés, mais au profit d’une tierce personne publique, qui ne s’attendait pas à de tels avantages, mais à qui plus tard on pourra les ravir facilement. L'état-tampon et la zone neutralisée répondent assez bien à cette situation. L'état-tampon est un petit Etat, incapable de se maintenir par lui-même, manquant de ressources et de vitalité, trop important pour être absorbé par de trop puissants voisins. Ceux-ci sont bien intéressés à sa disparition, mais ils sont plus intéressés encore à ce que cette disparition n'ait pas lieu au profit d’un seul d’entre eux; ils se portent donc garants, l’un vis-à-vis de l'autre, l'un contre l’autre même, de l’intégrité de ce petit Etat, pour un laps de temps qui n'est jamais déterminé, et qui est censé perpétuel. La souveraineté et l’administration d’un tel Etat sont confiées ii une troisième puissance, qui considère cette possession comme indifférente à sa gloire et à son développement, et