LA POLITIQUE DE L ANNAM AUTONOME 81 § 2. — Relations de l’Annam avec le Cambodge. Au dire de ceux-là mêmes qui ont le mieux étudié son histoire, la vie politique du Cambodge reste, pendant du longs siècles, ignorée et mystérieuse. Les Rois Rouges et les Khmers, qui eurent une si légendaire puissance, et qui laissèrent derrière eux les ruines les plus grandioses, n'ont légué ni écrits, ni documents, ni matière quelconque à dresser leur histoire ; jusqu’aux temps contemporains, ils sont plongés dans l’inconnu fabuleux; et leurs successeurs, non plus que nous, n’ont de véridiques données sur le rôle que jouèrent ces rois, leurs armées et leurs peuples ; on juge, d'après les restes de leurs capitales, qu'ils furent puissants et glorieux, mais on ne les connaît plus que par leurs revers et le constat de leur disparition. Jusqu’en 1352, époque de l’invasion siamoise et de la destruction d’Angkor et des grandes villes cambodgiennes, il apparaît que les rois Khmers, indépendants £t redoutés, faisaient alliance tantôt avec les peuples de la Péninsule contre les invasions des vice-rois chinois, tantôt s'alliaient à la Chine dans l'espoir d'un agrandissement. Ainsi les annales de l’Annam mentionnent que l’un des rois de la dynastie de Duong utilisa (722) l’appui du Cambodge, pour se soustraire aux obligations du traité de Protectorat de GI8; elles rappellent aussi que la Chine obtint l’alliance du Cambodge pour réduire le roi Ly-nhon (1127), qui s'était déclaré indépendant, et qui triompha de cette coalition. A la fin du même siècle (1190), le roi du Cambodge était redevenu l’allié un peu obséquieux de l’Annam. Môme après l’invasion et la courte domination siamoise (1352-1358), l’Annam étend sur leCambodge son amitiépro- EXTRÊME-ORIENT. 6