BASES DE LA POLITIQUE EXTÉRIEURE 19 et celui-ci ne peut prétendre à aucune direction, ni même à aucune voix consultative, dans cette catégorie de relations. La politique étrangère de l’Etat mineur doit donc se cantonner exclusivement dans son continent et avec les pays de même race, à condition que l'Etat éminent ne soit pas de cette race et de ce continent. Bien entendu, nous comprenons dans le terme «continent» les Etats d'un même groupement, ayant des relations naturelles ; car, dans l'intérieur d’un continent unique, des déserts séparent mieux des nations que les mers ne séparent les continents. Ainsi la politique de la Tunisie n’a aucun lien avec la politique de l’Etat du Cap, dont la séparent les régions inconnues du centre noir, bien que ces Etats mineurs soient tous deux africains ; il n’apparait pas que des relations directes aient intérêt à s’établir entre la vice-royauté des Indes et la Sibérie, toutes deux asiatiques, mais séparées par l’immensité du Gobi ; au contraire, cette vice-royauté a des liens directs et fort étroits avec les Protectorats hollandais et espagnols de la Malaisie ; et notre Protectorat Tunisien gagnerait à discuter librement de ses intérêts avec la Syrie et les Echelles du Levant, malgré l’apparente interdiction de la géographie pure. Les mots très stricts, et de définitions nettes, que nous sommes contraints d’employer ici, doivent être compris avec une extension et une généralisation de leur sens absolu; et ils doivent, en s’appliquant à des questions si complexes et parfois si vagues, revêtir une complexité analogue, et, pour ainsi dire, recevoir des valeurs diverses et protéi-formes. Les continents sont distingués généralement sui-