LA POLITIQUE DE L'ANNAM AUTONOSIE 79 l'inimitié de la cour de Péking ; elle ne leur valut pas l’affection des Annamites, qui reportèrent leur reconnaissance sur la race des rois qui occupaient nominalement le trône, rois qu’on plaignait de la dépendance où les tenaient leurs tout puissants ministres, et qui pourtant leurdurent leur popularité, et l’amour où leur souvenir est encore tenu aujourd’hui. Les Chinois, établis en Annam, durent se plier aux coutumes de l’Annam, abandonner leurs coiffures et leurs robes nationales; il fut défendu aux Annamites de parler, dans la vie ordinaire, la langue chinoise ; les Chinois n’eurent plus l’autorisation de se grouper en villages ni en centres d’exploitation agricole ou commerciale ; ils furent soumis à de plus fortes charges que les autochtones, et reçurent interdiction de se livrer au travail des mines. Pour la première fois les cinq livres canoniques (ngukinli), les quatre livres classiques, les Annales, furent gravés en Annam, et les éditions chinoises furent proscrites. C’est vers cette époque que les familles princières qui gouvernaient les différentes provinces de l’Annam se déclarent indépendantes et souveraines les unes après les autres, et que la révolte des Tayson éclate. Lèchien tong, quoique muni de l’investiture de la Chine, est jeté à bas du trône; un instant rétabli par les armées chinoises, il est de nouveau contraint de s'enfuir, se réfugie à la cour de Péking (1791), où il finit sa vie et sa race comme mandarin de 2e classe. Le royaume d'Annam est déchiré entre les Tayson et le chef des Nguyèn, Gialong ; mais la Chine, qui avait, sans succès, pris parti pour les Lè, assiste, indifférente, à leurs luttes, et n’intervient qu’au moment où. Gialong ayant pacifié, réorganisé le pays, reconstitué l’ad-