MODES DES PROTECTORATS INDO-CHINOIS 155 l’œuvre de civilisation et de progrès, que les puissances européennes tentent d'accomplir dans leurs possessions doutre-mer. § 3. — Le Protectorat du Cambodge. Ainsi que nous l’avons vu dans le rapide historique de l'ancien Cambodge, Angduong, dépouillé par les Annamites de toutes ses provinces maritimes, et par les Siamois de ses plus riches territoires, avait, dès 1853, envoyé à l’empereur Napoléon III, avec des cadeaux, une lettre lui portant « son humble hommage. » Son vœu le plus ardent était de s’appuyer sur la médiation de quelque puissance européenne. Le prestige de la France en Indo-Chine était alors exclusif, si exclusif que le Siam lui-même, à cette époque, renouvela à Napoléon III l'offre déjà faite à Louis XIV de se donner à la France (1). Angduong espérait s’appuyer à ce prestige, en face de ses dangereux protecteurs. Occupé par ses guerres d'Europe, Napoléon III ne répondit pas à Angduong ; et M. de Mon-tigny, envoyé au Siam pour y conclure la convention commerciale de 185G, échoua complètement au Cambodge, par la crainte qu’avait le roi du suzerain siamois. Ce ne fut qu’en 1861, lorsque la France eut pris à l’An-nam cette Cochinchine, que l’Annam jadis avait prise au Cambodge, que le successeur d’Angduong, Norodom, sortit de la réserve de son prédécesseur, et répondit aux ouvertures de l’amiral Charner, vainqueur à Kihoa, par l'envoi d’une ambassade chargée de présents. La compétition (1) Flourens, Préface du livre de M. Meyniard.