180 LA QUESTION D'EXTRÊME-ORIENT mêmes, et pourvues de tous les rouages nécessaires à l'existence politique ; ce sont là les possessions, vastes territoires qui savent se régir eux-mêmes, et dont changent seulement, par la conquête, la forme du gouvernement et la couleur du pavillon. * * Avec la France — et avant la France — l’Angleterre, la Russie et l’Allemagne sont les trois puissances européennes qui tendent à un accroissement continu de leurs territoires et de leur influence en Asie. Si l’Allemagne n’a comme moyens que des bases matérielles insuffisantes, et des moyens de transport peu nombreux — mais excellents — il faut reconnaître que l’immense empire des Indes, avec la perfection de ses rouages, ses richesses considérables et son avantageuse autonomie, constitue pour ainsi dire une métropole asiatique vis-à-vis des autres colonies extrême-orientales de l’Angleterre, et qu elle a des réserves considérables d’hommes, d’argent et de vaisseaux, où les expéditions peuvent se garnir et se renouveler absolument comme dans la mère patrie. Il faut déclarer que la Russie surtout, par son territoire sibérien, par ses établissements sur les mers de Chine, peut agir directement sur les peuples jaunes. A présent surtout que la Russie commande l’un des bords du « Toit du monde, » et que ses chemins de fer sibériens et transcaspiens sont terminés, on peut dire que ses frontières extrêmes sont étroitement et rapidement reliées au cœur de l’empire, et que c’est la métropole russe elle-même qui enserre la Chine à l'ouest et au nord. Cette situation exceptionnelle,