184 LA QUESTION D’EXTRÊME-ORIENT ravis. Le bail est consenti généralement pour une longue durée, un siècle environ. Et l’acte ne fait aucune mention des conditions dans lesquelles le sol loué pourra revenir au propriétaire, ni de la façon dont on évaluera les dépenses faites sur le sol loué, la plus-value en résultant, et l'indemnité que le locataire pourra réclamer. C’est là qu’on voit la duplicité d’une partie et la complaisance de l’autre. L’une a trop conscience de sa force, et l’autre de sa faiblesse, pour que, au moment même de la cession à bail, l'un des signataires ait l’idée que cette cession puisse être temporaire en fait, comme elle l'est de droit. En louant, l'un sait bien qu’il prend, l'autre sait bien qu’il donne. Et personne, non plus que les spectateurs, n’est dupe de la comédie. Au bout du temps fixé, le propriétaire peut avoir perdu la mémoire de son droit, et le locataire, celle de son engagement ; ce dernier est dans la merveilleuse situation d’un homme qui occupe une maison contre le gré du propriétaire, mais s’y est barricadé fortement, et attend que la force publique l’en déloge. Mais, en politique, la force publique internationale, qui serait représentée à peu près par un arbitrage, ne se dérange point pour expulser un locataire tout puissant, qui, au bout de longues années, déclare prendre l’usage d'un droit pour le droit lui-même, et s'approprie, sous le regard complaisant de l’univers, la nue propriété avec l'usufruit. Rappellerons-nous que l’île de Hong-Kong fut primitivement cédée à bail aux Anglais? Et qui donc aujourd'hui en oserait parler, autrement que pour la présenter comme un exemple heureux? En résumé, le locataire, par les agrandissements, les dépenses et les embellissements qu’il a faits, a plus d’intérêts, sur le sol, que le propriétaire ; et comme les