LES POLITIQUES EN CHINE 181 qui diminue les longueurs et les dépenses de toutes les expéditions lointaines, double la valeur de l’influence russe en Asie, et lui donne des avantages que rien d’autre part ne peut contre-balancer. Et c’est là un facteur qu'il ne faudra jamais négliger d’apprécier, chaque fois qu’il sera question d'une action de la Russie en Extrême-Orient. Les bases d’opérations — ou, pour s’exprimer plus pratiquement — les points de départ des actions futures donnent lieu à la classification suivante des nations rivales: la Russie, qui agit directement de sa métropole ; l’Angleterre, qui part d’une possession immense, organisée comme une métropole et aussi riche; la France, qui part d’une possession bien située, mais d’organisation défectueuse et de ressources insuffisantes; et l’Allemagne enfin, qui part d’une simple station navale toute récente, à une distance énorme de la mère patrie. C’est intentionnellement que dans ce concours pacifique, mais peu amical, nous omettons deux puissances que les événements d'hier ont mises en lumière: le .lapon et les Etats-Unis. Le Japon, quels que soient ses appétits et quelque rapides qu'aient pu être ses progrès, ne possède pas les rouages aptes à faire valoir sa prompte assimilation aux moyens et aux convoitises de l’Europe; de plus, il est hors de doute que l’eiTort, depuis vingt ans produit par ce pays, est au-dessus de ses ressources vitales et matérielles, et est destiné à l’épuiser, après un temps de prospérité brillante et superficielle. Enfin, en consentant même au Japon de longues années de bonheur, il ne faut point oublier que les Japonais sont un peuple jaune, reliés à la race par les liens étroits de la tradition, de l’écriture et des religions, et que cette puissance extrême-orientale