194 LA QUESTION D’EXTRÊME-ORIENT Jusqu’à ces derniers temps, l’Angleterre semble avoir, parmi les nations, le mieux compris le parli à tirer des applications de ces nouvelles théories diplomatiques (1). Les établissements commerciaux du centre de la Chine, créés sous le bénéfice de conventions successives, ont envahi peu à peu le riche bassin du Yang-Tse-Kiang, sur lequel un arrangement récent consacre définitivement sa supériorité. L’Angleterre ici ne recherche point de domination directe : elle veut des débouchés commerciaux, des stations industrielles, de négoce et de transit ; elle a, sur les artères fluviales du centre chinois, une flottille qui possède le monopole de la navigation intérieure ; sous l’appareil de l’administration chinoise, les Anglais sont les maîtres réels du pays, dont ils détiennent toutes les branches de commerce, et dont ils drainent à leur profit la richesse excessive. Outre que le fleuve Bleu forme le plus grand bassin de tout l’empire, la forme en arc de cercle du cours d'eau principal permet aux Anglais de pénétrer au cœur du continent, et de commander les communications et les échanges avec les provinces qui n'appartiennent pas à la région. Ils occupent là la meilleure place pour étendre peu à peu, sur la plus riche partie du Céleste-Empire, une prépondérance — pacifique il est vrai — qu’on songera d'autant moins à leur disputer que, avec un rare tact politique, ils ne portent aucun ombrage à la domination territoriale des susceptibles empereurs de Péking. Les autres établissements de l’Angleterre en Chine sont des stations surtout militaires. Weihaiwei, si agilement (li Voir Chap, v. Documents diplomatiques, n®» i.xvi-Lxviti, p. 265-267.