LA POLITIQUE DE L’ANNAM AUTONOME 107 certain que, si une conquête étrangère et les plus grands cataclysmes intérieurs n’étaient venus absorber sa vitalité et diminuer le nombre de ses enfants, l’Annam eût non seulement reconquis les régions tributaires momentanément abandonnées, mais eût porté jusqu’au Siam, si pauvre en population, la dilTusion de ses colonies d’émi-grants, irrésistible poussée d'une race exubérante et supérieure à la fois, aujourd'hui, à ses limites et à ses destins. § 5. — Relations de l’Annam avec les puissances de l'Europe. C'est par les missionnaires et les négociants que l'An-nam entre en relations avec l'Europe : la nation la plus catholique, l'Espagne, y envoya des apôtres ; la nation la plus commerçante, la Hollande, y fonda des comptoirs. Mais, pendant plus d'un siècle, aucune communication nationale ne fut établie entre les gouvernements : les Européens qui venaient, à leurs risques et périls, tenter le prosélytisme et la fortune, n’avaient ni commission ni mandats ; ils agissaient pour leur compte personnel ou pour le compte de leurs sociétés, et n’avaient chance ni d'être soutenus en cas de litige, ni vengés en cas de dommages. Les missionnaires abondèrent à peu près en même temps en Cochinchine (Diego Adverte, 1596] et au Tonkin (Bal-dinotti, 1626). Ils nreurent pas grand succès, et s'embarquèrent sans avoir fait le moindre catéchumène: ce furent le P.de Rhodes 1624-1640), un Français, et le P. Marquez, un Portugais, qui créèrent à Anvuc la première mission,