60 LA QUESTION d'EXTBÉME-ORIENT doit son existence et sa continuité qu'à un principe de morale philosophique, essentiel à l’âme des races jaunes. ★ * * Nous nous ferions un reproche de porter une étude pratique jusqu’au fond de ces temps légendaires, où les rois de la première dynastie de l’Annam, issue directement du Dragon-Céleste, régnaient parmi les prodiges. Et malgré les bribes de véridique histoire qui ont pu s’y accrocher, nous devons regarder les récits des premiers temps et les annales des dix-huit rois Iluong comme les produits d'une gigantesque mythologie. Pour contrôler les assertions de l’invraisemblable tradition, nous n’avons pas ici les sources nombreuses, pures et respectables que, 800 ans avant Moïse, offre déjà l'histoire de l’Empire du Milieu. Et s'il plaitaux souverains nuageux de la première époque de ne reconnaître pour supérieur que le Dragon, leur ancêtre, nous ne pouvons entrer dans l'étude des relations de l’An-nam qu’au jour même où l’Annam entre dans l’histoire définitive, c'est-à-dire à l'avènement de la dynastie de Thuc 275 av. J.-C.). Cette dynastie de Thuc, qui conquit et gouverna le royaume, était issue des frontières nord de l'Indo-Chine, vers Caobang, là où les récits anciens placent la fameuse citadelle de Conlonthanh, dont les spirales en escargots couvraient les montagnes. Ce fut l'avènement de cette dynastie, dont le lieu d'origine était voisin du Quangsi et du Yun-nan, qui détermine des relations suivies avec la Chine, relations qui se caractérisèrent immédiatement par la reconnaissance de la suzeraineté morale de cette der-