2 LA QUESTION D'EXTRÊME-ORIENT et se consumait au dedans, en activité comme en ressources, va pouvoir et devoir être projeté au dehors. Les problèmes administratifs n’étant plus assez profonds pour que leur solution occupe tous les instants du Protectorat, toutes les forces vives de la colonie ont donc le loisir, qui ne leur avait pas encore été donné, de se porter à l’extérieur. Que, dans les moments troublés de notre premier établissement, l’idée même de l'existence d’aussi importantes questions n’ait pas été émise, c’est chose naturelle et compréhensible; mais j’estime qu’il est bon de profiter du répit que nous laissent les affaires intérieures de la colonie, et que je veux croire définitif, pour faire pénétrer dans le public cette idée : qu’il est temps de faire entendre la voix indo-chinoise dans cette Asie dont le concert, pour n'être pas toujours aussi théoriquement harmonieux que le concert européen, n’en fait pas moins dans le monde un bruit important. L'entrée de l’Indo-Chine dans ce concert ne peut qu'être avantageux à la fois à l'Extrême-Orient français et à la France elle-même. § 1. — De l’existence nécessaire d’une politique spéciale aux États mineurs. Un peuple, en effet, n’est véritablement digne de figurer au rang des nationalités que s'il participe à l’existence générale du monde, non pas seulement par son unité ethnographique et son expression gouvernementale, mais encore et surtout par son action diplomatique et son existence financière. A ce dernier point de vue, le Protectorat spécial