454 UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? Slaves du Sud. L’Autriche seule, à en croire ces chauvins, serait en mesure de « civiliser » les peuples balkaniques, c’est-à-dire de leur apporter, même s'ils ne le souhaitent pas, le bienfait inappréciable de la culture germanique; c’est donc à elle qu’incombera la tâche d’organiser, sous son hégémonie, la confédération balkanique. Nous avons vu reparaître cette thèse en 1908, durant la crise provoquée par l’annexion de la Bosnie-Herzégovine, dans le journal militaire et pangermaniste Danser s Armee Zeitung 1 ; dans un article qui fit grand bruit, il invitait le gouvernement impérial à abattre par les armes l’insolente résistance de la Serbie pour la forcer ensuite à entrer dans la confédération qui serait organisée sur le modèle de l’ancienne Confédération germanique ; on commencerait par une union douanière avec un « Zollparla-ment » et une banque fédérale. Ainsi, sous les auspices du Cabinet de Berlin, achèverait de se réaliser la pensée bismarckienne; une solide mainmise germanique unirait toute l’Europe centrale, de Hambourg à Constantinople, au service des intérêts du commerce et de la « culture » allemande; la personnalité et les vœux des petites nationalités seraient, une fois de plus, sacrifiés. A ces projets, inspirés par les intérêts autrichiens ou germaniques, il est intéressant d’opposer des plans italiens ou « latins. » De même que jadis Douchan comptait sur le concours de Venise, il y a aujourd’hui des écrivains ou des hommes d’État balkaniques qui seraient disposés à chercher à Rome un appui moins onéreux que celui de Pétersbourg ou de Vienne. A tra- 1. 4 mars 1909. — Cf. n” du 5 novembre 1908 : « Pour arriver à l'hégémonie complète dans les Balkans, nous avons besoin d’une entente avec la Turquie qui, à tout prix, doit devenir notre amie flexible etdépendante. ¡> Voyez Paul Deschanel : Hors des frontières (Fas-quelle, 1910), p. 195, et ci-dessus, chapitre ni, p. 179.