338 LA QUESTION ALBANAISE niser. En 1909, l’archevêque albanais d’Uskub, résidant à Prizren, Mgr Trolcsi, a dû donner sa démission à la suite d’une campagne menée contre lui à Rome par les Autrichiens ; il a été remplacé par Mgr Miédia, coadju-teur de l’archevêque de Scutari. Par le canal du clergé et des beys influents, l’or autrichien se répand sur la pauvre Albanie; dans un pays où une pièce d’or est une fortune, les libéralités autrichiennes ont fait beaucoup de riches. Chez les musulmans, là où ne pénètre pas le clergé catholique, l’Autriche envoie des savants. Un géologue hongrois, le baron Nopca, a visité en détail toute l’Albanie du Nord; tout en dressant la carte géologique, il s’arrange pour perdre en route les gendarmes chargés de l’escorter et il laisse derrière lui, pour les moindres services, des pourboires princiers. M. Kral qui fut consul général d’Autriche à Scutari jusqu’à l’automne 1909, avait un goût prononcé pour les études de linguistique; il allait souvent, sans escorte, parcourir les villages de la montagne, surtout dans la direction des frontières monténégrines. D’ailleurs, ni les agents autrichiens ne se cachent de distribuer de l’argent, même aux plus hauts personnages albanais, ni ceux-ci d’en recevoir:l’Albanie est si pauvre 1 L’Albanais accepte de toutes les mains, mais il ne se vend à personne. C’est un consul d’Autriche qui s’écriait, dans un jour de découragement : « Rien ne saurait satisfaire les exigences insatiables de cette race et de ses pasteurs! » Tout l’or de Vienne ne parviendrait pas à dissiper les antipathies qu’inspire aux Albanais la raideur bureaucratique des agents autrichiens, ni la défiance qu’a fait naître, surtout chez les musulmans, l’annexion de la Bosnie. N’exagérons rien cependant; plusieurs tribus Malissores sont devenues de véritables bandes au service de l’Autriche, sur un signe de son consul, 3.000 montagnards poui-raient descendre dans la ville et commencer une rébe -