ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE 215 ténégrine; la Russie remue, elle aussi, des soldats sur ses frontières. De tous les côtés on parle de guerre; mais, dans les milieux bien informés, on croit toujours à la paix; la diplomatie n’a pas épuisé ses dernières ressources; on sait que l’empereur François-Joseph ne se décidera à la guerre qu’à la dernière extrémité ; quant à M. Isvolski, il a déclaré, dès le 7 octobre, dans une conversation publiée par le Temps, qu'en aucun cas l’affaire de Bosnie ne pourrait devenir un casus belli : à Vienne, on a pris acte de cette déclaration, qu’impose d’ailleurs, 011 ne l’ignore pas, la situation militaire delà Russie; on conduit la partie en conséquence, on joue sur le velours, tout en se préparant activement pour l’instant inévitable où il faudra abattre les cartes et montrer ses atouts. On se rend compte cependant, de part et d’autre, que la situation, en se prolongeant, peut devenir dangereuse; on redoute le moment où les fusils partiraient tout seuls. Les circonstances paraissent propices à une médiation : les puissances les moins intéressées dans le conflit cherchent à faire entendre leurs voix et offrent des solutions qui, trop préoccupées de ménager toutes les susceptibilités, ne satisfont personne. La France, si une médiation est possible, paraît la mieux en situation d’être écoutée; tout en se montrant, pour son allié, un fidèle second, elle n’a pas cessé, dans l’intérêt commun, d’entretenir de bons rapports avec l’Autriche ; elle n’a jamais désespéré de rétablir l’entente, si nécessaire à l’équilibre général, de Vienne et de Pétersbourg. L’Angleterre et la Russie engagent le Cabinet de Paris à intervenir : l’accord franco-allemand sur le Maroc a inauguré, entre Paris et Berlin, une période de détente, do confiance réciproque, dont nos alliés souhaitent que nous profitions pour obtenir que l’Allemagne consente a faire à Vienne une démarche de conciliation. Les puissances de la Triple Entente faisant entendre à Bel-