232 LA POLITIQUE EUROPÉENNE slavisme russe. Vienne, à mi-chemin du monde oriental et du monde occidental, point de rencontre et de fusion des races germanique, slave et hongroise, est admirablement placée pour devenir un centre de rayonnement civilisateur. Le roi d’Italie a répondu par un télégramme chaleureux aux dépêches de ses deux alliés. Mais la politique de l’Italie est aujourd’hui ce qu’elle était hier. Les mêmes nécessités y déterminent les mêmes tendances. En adhérant à l’alliance austro-allemande pour en faire la Triplice, l’Italie a eu surtout en vue de neutraliser, en y entrant, les dangers qui pouvaient résulter pour elle d’une si puissante combinaison établie sur sa tête, au delà de ces Alpes d’où les tedeschi ont toujours regardé avec convoitise les grasses plaines du Pô et de l’Adige. Si l’Autriche et l’Allemagne font, dans les Balkans, une politique d’expansion et d’influence, l’Italie a besoin d’être avec elles pour que cette politique ne se fasse pas contre elle. C’est en considération de l’Italie et de ses souverains que, dans la dernière crise, le Monténégro a obtenu quelques satisfactions; elles-avaient été promises, aux entrevues de Salzbourg et de Desio, à M. Tittoni par MM. d’Æhrenthal et Isvolski. On a pu croire, au début des affaires bosniaques, que l’Italie associerait sa politique à celle de la Russie, et l’on a parlé, à ce moment, dans quelques journaux, d’une quadruple entente. Et, de fait, l’Italie a de bons rapports avec les puissances de la Triple-Entente; elle ne peut pas séparer sa politique de celle de l’Angleterre, et il est cerLain que le succès de l’Autriche, suivi de la création d’une forte escadre dans l’Adriatique, ne sont pas vus dans la péninsule sans un vif dépit et sans de naturelles appréhensions. Mais la situation géographique, économique et militaire de l’Italie l’oblige à des ménagements envers tous ses voisins; sa politique est écartelée entre des nécessités contradictoires également