280 LA POLITIQUE EUROPÉENNE dans l’entrevue de Potsdam, un affaiblissement de l’alliance franco-russe, en vain une partie de la presse française s’est alarmée et a égaré l’opinion, la vérité des faits n’a pas tardé à se rétablir d’elle-même. « La presse, dans de semblables circonstances, a dit dans son discours le chancelier allemand lui-même, ne manque pas de prêter aux événements une importance qui n’est pas toujours conforme à la réalité. » Ce serait une erreur de croire que l’entrevue de Potsdam indique une nouvelle orientation de la politique russe. Dans l’histoire, elle apparaîtra surtout comme la clôture de la crise bosniaque. Il en résulte, pour toute l’Europe, une impression générale de sécurité et de confiance dans un avenir de paix. La question bosniaque liquidée, la question marocaine va-t-elle renaître et provoquer une nouvelle crise européenne? On ne saurait le dire encore à l'heure actuelle, mais on peut déjà le craindre. En tout cas, la solidité de l’alliance franco-russe et son efficacité se sont de nouveau manifestées au moment où M. Cruppi a fait connaître aux cabinets européens l’obligation où se trouvait la France d’envoyer une expédition pour délivrer Fez; le gouvernement impérial russe a su, avec beaucoup de tact et de fermeté, faire connaître à qui de droit qu’il approuvait pleinement l’attitude du gouvernement de la République, si bien que toutes les oppositions se sont, pour le moment, effacées. S’il doit y avoir une crise marocaine, nous l’aborderons, au point de vue diplomatique, dans de bonnes conditions. l,r juillet 1911.