ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-IIERZÉGOVINE 207 M. Isvolski s’était trouvé en face d’hommes d’État avec lesquels il avait échangé des vues sur la question de Bosnie ; il avait négocié loin de son pays ; quand il rentra à Saint-Pétersbourg, déjà mécontent de son insuccès à Londres dans la question des Détroits, et ulcéré de l’initiative prématurée du baron d’Æhrenthal, il trouva l’opinion publique russe très excitée contre l’Autriche ; un violent courant de sympathies slaves s’était formé; la presse slavophile s’exprimait sans ménagements sur la politique autrichienne et n’épargnait même pas le nouveau roi des Bulgares. L’entente avec l’Autriche, inaugurée par les accords de 1897, n’avait jamais été populaire ; elle apparaissait aux héritiers de l’opinion panslaviste comme une abdication des Slaves en face de la politique germanique des Habsbourg. M. Isvolski céda à un courant d’opinion dont l’intensité le surprit. La Serbie reçut de Pétersbourg des encouragements, en même temps qu elle en recevait de Londres. Le prince héritier de Serbie, Georges Karageorgévitch, vint en Russie d’où il lança un télégramme ardemment patriote. M. Pachitch séjourna plusieurs semaines à Pétersbourg : le chef des vieux-radicaux est l’un des hommes d’État les plus éminents de la Serbie; c’est lui qui, dans la crise de 1906, sut tenir tête à l’Autriche et trouver des débouchés pour les produits de l’agriculture nationale; il est le représentant des idées d’entente avec les « frères slaves » de Russie et de Bulgarie : à tous ces titres il est particulièrement rr>al vu à Vienne., où on l’accuse d’avoir, durant son séjour à Pétersbourg, travaillé les journaux et soufflé la haine de l’Autriche. A la même époque, M. Milova-novitch, ministre des Affaires étrangères de Serbie, faisait officiellement une tournée en Europe et recueillait, smon des promesses, du moins des paroles sympathiques. Des délégués monténégrins faisaient, eux aussi, un voyage dans les principales capitales pour affirmer leur