LA RIVALITÉ DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 21
des frontières de terre; il ne s’engage pas à fond dans une politique d’expansion ; il espère assister, en témoin très satisfait, à la lutte de la France et de l’Angleterre.
  On se tromperait beaucoup si l’on se représentait l’empereur Guillaume II comme un adversaire systématique de l’Angleterre, décidé à lui disputer le sceptre des mers et faisant converger de loin toutes les démarches de sa politique vers la ruine de la puissance britannique. Il est, au contraire, un admirateur ardent de l’Angleterre et il a toujours cherché à entretenir avec elle des relations d’amitié; s’il y a eu, entre les deux pays, à certains moments, des rapports difficiles, si une animosité croissante s’est développée entre eux, c’est par l’effet naturel de la concurrence économique, et non pas d’un parti pris hostile ou d’une volonté tracassière. Guillaume II représente une génération nouvelle d’Al-lemands, qui ont cherché dans des voies nouvelles un emploi à leur activité et un but à leurs ambitions. 11 a eu le grand mérite de comprendre la puissance et l’avenir de ce mouvement; il a voulu être, il a été, le pilote de son peuple vers des destinées que les vieux Hohenzollern n’avaient ni souhaitées ni prévues pour lui. La monarchie prussienne a toujours été colonisatrice, elle l’a été dans la marche de Brandebourg, dans les sables de la Poméranie et de la Prusse; elle l’a été en Pologne et dans les provinces baltiques ; Guillaume II a agi comme ses ancêtres ; il a pensé qu’il était de son devoir d’Empereur de suivre, dans leur essor à travers les mers, l’émigration des Allemands et l’exportation de leurs produits industriels ; il a eu la constante préoccupation de promouvoir la naissance des compagnies de navigation ; il a lancé sur l’eau son peuple de « rats de terre » ; mais « le commerce suit le pavillon » : la création de la marine de guerre est la conséquence de l’expansion commerciale. La mission des cuirassés est de protéger partout le commerce aile-