462 UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? sa rivale, le chemin de Salonique est, pour elle, un dangereux mirage1. Cette politique nouvelle de la Russie et de l’Autriche dans les Balkans, personne n’en a mieux, ni de plus loin, prévu l’avènement et montré les avantages qu’un homme d’État serbe très distingué, héritier des idées du prince Michel et de Garachanine, M- Pirotchanatz, ancien président du Conseil sous le roi Milan. En 1889, il publiait à Paris, sous le pseudonyme de docteur Stefan Bratimich, une brochure2 d’où, entre autres, nous détachons ces lignes qui donnent la plus haute idée de la perspicacité politique de leur auteur. « Si l’on place un instant en regard, d’un côté les forces que la Russie et l’Autriche, soutenue par ses alliés, peuvent mettre au service de leur cause, et de l'autre les forces qui pourraient leur être opposées, on restera plus que jamais convaincu que la lutte ne conduira à Constantinople ni l’une ni l’autre de ces puissances. « Mais si l’un de ces deux compétiteurs venait subitement à changer de manière de faire; si surtout, par exemple, la Russie comme puissance slave abandonnait ses idées de conquête et de domination, pour les remplacer par une politique protectrice sincère et par la poursuite réelle de l’indépendance des peuples de la Péninsule, les prétentions austro-hongroises sur l’Orient seraient du coup anéanties. Les intérêts généraux de l’Europe, ainsi que les intérêts nationaux des peuples orientaux, se rangeraient immédiatement de son côté, et le Tsar accomplirait sans peine la mission qu’il doit poursuivre comme chef de tous les Slaves. 11 ne tarde- 1. Sur les intentions de l’Autriche et de la Turquie dans l’hypothèse d’une confédération balkanique, voyez ci-dessus le curieux passage du, discours de Talaat-bey, page ICI. 2. Dr Stefan Bratimich, la Péninsule des Balkans. Paris, chez Bali-tout et 0,1S89 (p. 29;.