268 UNE FORME NOUVELLE DES LUTTES INTERNATIONALES tage; peut-être même en fut-il secrètement l’instigateur. Dans plusieurs villes les autorités inspirèrent les chefs des guildes, mais assez discrètement pour pouvoir le nier. Presque partout on constata, au moins, la neutralité bienveillante des fonctionnaires. A Chang-Hai, à la fin du mois d’août, un délégué du ministre du Commerce, nommé Thang-Tchien, vint s’aboucher avec les négociants chinois pour organiser le boycottage, tout en épargnant de trop grandes pertes au commerce; on le vit interdire l’achat des articles américains et infliger des amendes à des commerçants coupables d’en avoir acheté. Lorsqu’il eut réuni quelques preuves de la complicité occulte du gouvernement chinois, M. Roosevelt prescrivit à M. Rockhill, ministre des États-Unis à Pékin, de déclarer au Ouaï-Vou-Pou que le gouvernement serait tenu pour responsable du dommage causé aux Américains ; mais, en même temps, le président rédigeait un message conciliant où il annonçait que les règlements en vigueur allaient être révisés dans un esprit de tolérance et de libéralisme. Le prince Ching, sur les instances de M. Rockhill, publia un édit interdisant le boycottage; d’autres édits suivirent celui-là : satisfaction platonique! Le mouvement anti-américain était trop violemment déchaîné pour être arrêté d’un seul coup; le Ouaï-Vou-Pou, même dans son désir sincère de ne pas pousser à bout les Américains, restait désarmé en face d’un mouvement conduit par les guildes et devenu populaire. A Canton, les proclamations du gouvernement furent lacérées; nulle part, sauf dans quelques ports du Nord, elles ne suffirent à apaiser les esprits. L’action des diplomaties européennes fut moins utile encore ; à Chang-Haï, le corps consulaire prit l’initiative d’une protestation auprès du tao-taï ; à Pékin, le ministre d’Allemagne proposa à ses collègues une