276 UNE FORME NOUVELLE DES LUTTES INTERNATIONALES où ils ne viennent pas à quai. Harnais et mahonnadjis sont groupés en corporations puissantes et disciplinées. Dans tous les grands ports de ¡’Empire ils décident de ne plus prêter leur concours aux bateaux autrichiens ni à ceux des autres nationalités qui accepteraient des marchandises autrichiennes. Le 30 novembre., à Constantinople, quelques portefaix grecs ayant manqué à leur parole et accepté de travailler pour un vapeur du Lloyd, ils sont saisis, conduits devant le Comité de boycottage et contraints de jurer fidélité au mouvement; le même soir, harnais et mahonnadjis tiennent un grand meeting dans lequel tous jurent de rendre le boycottage encore plus rigoureux. Une surveillance organisée dans les principaux ports de l'Europe signale aux comités de boycottage l’embarquement de marchandises autrichiennes, et pour peu qu’un navire, quelle que soit sa nationalité, tente de tromper la surveillance, il est lui-même boycotté et ne réussit pas à débarquer sa cargaison. Le commandant d’un vapeur français ayant embarqué par erreur à Constantinople une petite caisse d’armes de provenance autrichienne pour Trébizonde, est averti par les harnais que, s’il la garde à bord, son navire sera boycotté à Trébizonde. Jusqu’à la signature de l’accord austro-turc qui met lin au boycottage, les navires autrichiens, dans les principaux ports de l’Empire ottoman, arrivent et partent sans pouvoir faire une seule opération commerciale. A Salonique, d’où le mouvement révolutionnaire du 24 juillet était parti, le boycottage, secrètement organisé par des membres du Comité Union et Progrès, fut exercé avec une particulière rigueur; et pourtant, sur un marché où 65 pour 100 des marchandises importées sont autrichiennes, l’intérêt commercial des négociants entrait directement en lutte avec leur zèle patriotique. Le 11 octobre, des affiches invitent les négociants a rompre toutes relations commerciales avec les Autri-