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LA ROUMANIE
dence étaient superflus adressés au souverain éminent qui a su faire de la Roumanie un État fort et garantir son avenir par tout un système d’alliances, d’ententes et de contre-assurances. Si la Roumanie tient aujourd’hui en Europe une place enviée, c’est, pour une large part, à la prudence et à l’énergie de son roi qu’elle le doit.
   Charles Ier, roi de Roumanie, est un Hohenzollern; il est le second fils de ce prince Antoine, dont le nom fut si souvent prononcé en France à l’époque tragique où son fils aîné fut candidat au trône d’Èspagne. De sa lignée princière, il a l’orgueil du nom et du sang. Un Hohenzollern doit être soldat, s’il n’est pas roi : le prince Charles a été l’un et l’autre. 11 avait, de naissance, le don du commandement, le sens de la discipline, le goût des responsabilités; il n’a recherché, dans l’exercice du pouvoir, ni les jouissances grossières, ni même les plaisirs délicats; régner, c’est, pour lui, mettre en action et développer les dons spéciaux qu’un décret nominatif delà Providence semble aux Hohenzollern avoir imparti à leur race pour le gouvernement des hommes; sa vie privée est simple, ses mœurs austères, avec une nuance de mélancolie qui fait penser à la tristesse de ces plateaux de la Souabe où s’élève le vieux nid de hobereaux d’où est sortie la lignée des Hohenzollern. Les lettres fréquentes qu’il échangeait avec son père tant que celui-ci vécut et qu’il a insérées dans ces Mémoires qui constituent un si précieux document pour l’histoire contemporaine, nous le montrent, sous des apparences de froideur, passionné pour la politique et pour lart de la guerre. Il était capitaine de dragons prussiens quand l’imprévoyance de Napoléon III fit de lui un prince régnant de Roumanie, et il est resté toujours épris de gloire militaire; sa fermeté et son coup cl œil» à Plevna, sauvèrent l’armée russe : ce fut sans doute le plus beau moment de sa vie. Les triomphes des arnie'es