l’annexion de la bosnie-hehzégovine 175 d’Æhrenthal a coïncidé précisément avec le triomphe des tendances nationalistes en Turquie et avec la renaissance, sous une forme nouvelle, des sentiments de fraternité slave. A Prague, des manifestations violentes troublent la rue; la foule est allée briser les vitres de l'hôtel d’Æhrenlhal aux cris de : « Vive la Serbie! à bas l’Autriche! revanche pour la Serbie! » En Russie, l’opinion et la presse se sont émues, et ce sont elles, maintenant, qui excitent M. Isvolski à la résistance. Les Slaves ont cru voir, dans l’annexion de la Bosnie, un nouvel empiètement du germanisme sur le domaine de leur race; le mouvement « tout slave » qui se prépare, depuis les bouches de la Néva jusqu’à celles du Vardar, explique et fortifie l’énergie de la protestation serbe. L’erreur d’appréciation et de tactique où est tombé le baron d’Æhrentlial a non seulement mis l’Autriche en opposition avec les Serbes et avec une grande partie de l’opinion européenne, mais elle l’a mise en contradiction avec elle-même, avec sa propre évolution et ses propres intérêts. Aux approches d’un règne nouveau, l’Autriche-Hongrie semble chercher la formule de son avenir. Sous l’influence de vieilles forces historiques, renouvelées et transformées par les courants nouveaux d’idées qui régnent dans toute l’Europe moderne, une évolution interne s’accomplit en elle ; elle va vers un régime plus démocratique et plus fédéral. Le vieil Empire dualiste, féodal, bureaucratique et joséphiste subit la loi de tout ce qui vit, il se transforme. Suffrage universel en deçà de la Leytha, et, au delà, réforme électorale aboutissant à une large extension du sutfrage, progrès des « chrétiens sociaux » à Vienne et dans toute l’Autriche proprement dite, gouvernement, en Hongrie, du parti national de M. François Kossuth uni à tous les partis populaires, recul général du vieux libéralisme doctrinaire et germanophile :