LA QUESTION ALBANAISE 299 Seul peut-être de tous les peuples d’Europe, l’Alba-nais a traversé l’histoire et est resté semblable à lui-même. Il est un descendant des anciens Pélasges \ dont les Grecs n’étaient eux-mêmes qu’un rameau descendu vers le Sud ; avant, qu’il y eût une histoire, il était déjà fixé dans ses montagnes. Les poèmes homériques font son portrait, qui n’a guère changé. Achille, avec sa bravoure brillante et fanfaronne, avec son caractère obstiné et vindicatif, est bien le prototype des Albanais d’aujourd’hui. Alexandre le Grand est aussi un Albanais; pour l’élève d’Aristote, le grec est la langue delà haute culture et de la politesse; mais dans l’emportement de ses colères il revient au vieux parler national. Plutarque, dans son récit de la mort de Clitus, nous dit qu’Alexandre, transporté de rage, sort de sa tente et apostrophe ses serviteurs « en langue macédonienne. » Cette langue ne pouvait être, disent les savants, que le vieil idiome des Pélasges dont l’albanais actuel, avec des infiltrations de mots slaves, turcs, latins et grecs, serait une survivance. Sur les pas d’Alexandre et de ses successeurs, les phalanges albanaises foulent les vieux empires de l’Asie. Déjà, les montagnes de l’Epire et de l’Illyrie remplissent leur fonction historique : elles sont un réservoir qui laisse couler son trop-plein d’hofnmes vers les riches plaines d’alenlour. Avec Pyrrhus, roi d’Epire, les Albanais font trembler Rome. Lui vaincu, l’Epire et l’Il-lyrie sont soumises aux Romains; pendant plusieurs La filiation pélasgique des Albanais est vraisemblable, mais non établie On sait qu’il n’est guère de question plus controversée que celle des Pélasges La thèse de d’Arbois de Jubainville, qui en fait des Aryens, et celle du Père de Üara, qui voit en eux les anciens Héthéens, sont en présence. En tout cas, les Pélasges qui occupaient la péninsule grecque avant les Hellènes, étaient aryens et les Albanais sont leurs descendants. Les lllyriens, les Epirotes et les Macédoniens sont les aïeux directs des Albanais ; l’étude des langues, au dire des spéciales, en fait foi.