LA RIVALITÉ DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 27
gleterre, et c’est alors un échange de concessions ; l’Allemagne obtient Samoa, Salaga, s’installe à Kiao-Tcheou ; en revanche, l’expédition de Kitchener à Khartoum, prélude de l’affaire de Fachoda, la guerre du Transvaal, sont entreprises avec l’assentiment tacite du gouvernement allemand ; la convention de septembre 1900 lie les intérêts de l’Allemagne et ceux de l’Angleterre en Chine. Tantôt au contraire l’Empereur cherche en France ou en Russie un concours qu’il serait bien aise d’obtenir, mais qu’il ne se résout pas à payer.
  Malgré ces alternatives d’ententes boiteuses et de conflit dissimulé, la mésintelligence grandit entre l’Allemagne et l’Angleterre ; la presse anglaise ne cesse de dénoncer l’augmentation de la flotte allemande ; l’opinion publique, nerveuse, interprète chaque discours, chaque voyage de l’Empereur, chaque progrès de sa marine comme un procédé « peu amical » vis-à-vis de l’Angleterre ; le cauchemar d’un débarquement allemand sur les côtes de la mer du Nord trouble la digestion des bourgeois de Londres ; l’Amirauté décide le renforcement des escadres stationnées dans les eaux nationales et l’établissement à Rosyth, en Écosse, d’une nouvelle base navale ; les hommes d'État s’irritent de ce que la presse nomme le « chantage allemand. » Dans la Méditerranée, en Egypte, ils croient reconnaître une intrigue allemande dans les résistances que leur oppose le monde musulman ; à Constantinople l’influence germanique a complètement supplanté celle de l’Angleterre; elle se manifeste par la concession du chemin de fer de Bagdad. Les deux nations se rencontrent partout comme concurrentes, comme rivales, comme ennemies. Les accords où l’Allemagne lui marchande ses bonnes grâces à un taux usuraire, aussi bien que les chocs diploma* tiques qu’aucun accord n’est venu atténuer, contribuent, par leur effet cumulatif, à persuader à l’Angle-