244 LA POLITIQUE EUROPÉENNE sont échangées. Quelques semaines plus tard, le roi Ferdinand visite à Belgrade le roi Pierre. Un rapprochement semble se préparer entre les deux pays : il suffit, pour en apprécier l’importance, de se rappeler le rôle de la Bulgarie dans la crise bosniaque. Ces incidents font sentir plus vivement, à Vienne et à Berlin, le besoin d’un rapprochement ; les notes officieuses qui constatent l’entente des gouvernements italien et russe et leur résolution de maintenir 1 estatu quo en Orient, reçoivent un accueil favorable au Ballplatz et à la Wilhelmstrasse. M. lsvolski, quelques semaines après, fait savoir au comte Berchtold, ambassadeur d’Autriche, avec qui, depuis près d’un an, il n’avait que des communications écrites, qu’il désire reprendre des relations normales ; une conversation s’en suit, dans laquelle l’accord des deux gouvernements pour le maintien du statu quo en Orient est constaté. Malgré cette détente réelle, les relations entre Vienne et Pétersbourg, envenimées par des questions de personnes, restaient froides. La France aurait pu employer son influence à les rendre plus confiantes ; elle ne sut pas en trouver le moyen, ou tout au moins elle ne fut pas écoutée, et ce fut, une fois encore, la politique allemande qui prit l’initiative avantageuse. M. lsvolski ayant quitté Je ministère pour l’ambassade de Paris (1er octobre 1910) et ayant été remplacé par M. Sasonof, le moment parut propice, à Pétersbourg comme à Berlin, pour une entrevue des souverains et des ministres dans laquelle seraient effacés les derniers ressouvenirs de « l’avis amical » de mars 1909. Tel fut le caractère de cette entrevue de Potsdam (4 novembre) qui a été tant corn* mentée et parfois avec tant d’exagération. M. de Bethmann-Hollweg a dit, dans son discours, après Potsdam (10 décembre) : « Le résultat de l’entrevue de Potsdam peut se résumer en disant que les divergences d’opinions qui existaient ici et là entre les deux