68 LA. RÉVOLUTION TURQUE d’audacieuses nouveautés. Pour hâter la fusion des diverses nationalités, il crée des écoles et des hôpitaux mixtes où les habitants de toutes les religions étaient reçus indistinctement ; il voulait que la même éducation fût donnée aux Ottomans et aux Bulgares, afin qu’ils apprissent de bonne heure, dans les écoles et à l’Uni-versité, à se connaître et à ne pas se haïr. Sous l’influence de cette administration bienfaisante, le calme renaît dans la province ; les paysans bulgares, qui émigraient en masse en Serbie, reviennent ; ils oublient peu à peu leurs revendications nationales pour ne songer qu’à travailler en paix et à s’enrichir. Ainsi Midhat-pacha, de son chef, réalisait les réformes que les lois du Tanzimat avaient promises et que l'Europe, plus tard, devait inscrire dans le programme de Mürz-steg. En Mésopotamie et en Arabie où il fut envoyé en 1869 comme vali de Bagdad et commandant du VIe corps, Midhat appliqua les mêmes méthodes ; il fut, là aussi, un initiateur ; il inaugura une politique arabe que la Turquie devra reprendre quand elle voudra établir sa suprématie et faire régner l’ordre parmi les tribus arabes nomades dont les incursions sont le principal obstacle au développement et à la prospérité du pays; il rangea sous la souveraineté du Sultan ce port de Koweït dont il a été tant parlé depuis, et poussa une expédition militaire jusque dans les oasis du Nedjed. Il eut surtout, là comme en Bulgarie, le mérite de comprendre qu’on n’arriverait à une pacification durable du pays qu’en y accomplissant des réformes profondes, en changeant les conditions de la vie sociale et économique des indigènes. Le cultivateur arabe était obligé de payer au fisc un loyer pour sa terre et de lui remettre, de plus, les trois quarts du produit : c’était, en rendant impossible toute culture, ne laisser aux habitants d’autres ressources que le vol et le brigandage. Midhat