ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGO VINE 249 amené l’établissement d’un modus vivendi économique. Un rapprochement s’est dessiné entre Belgrade et Sofia, sans aboutir encore à une entente. Les rois de Serbie et de Bulgarie sont allés l’un et l’autre rendre visite au tsar (mars 1910) et, de là, l’un et l’autre se sont rendus à Constantinople où ils ont eu une entrevue avec le Sultan. Ainsi, dans les deux années qui ont suivi la crise de Bosnie, les traces qu’elle avait laissées se sont peu à peu effacées, les blessures qu’elle avait faites se sont guéries. 11 parut de nouveau que le but des grands systèmes politiques qui se partagent l’Europe était la paix ; de part et d’autre, on s’est attaché à circonscrire les risques et à limiter les conflits ; on a fait ce que M. André Tardieu appelle très justement « l’adaptation des alliances ». L’Empereur et Roi a octroyé à la Bosnie-Herzégovine une constitution. Une diète élue, dans laquelle les trois confessions sont représentées proportionnellement à leur nombre, siège à Sarajevo. Le président a été jusqu’ici un musulman. L’entente s’est faite entre les serbes orthodoxes et les musulmans. En Hongrie, le parti de l’indépendance de M. François Kossuth a été vaincu et a perdu le pouvoir. En Autriche, le parti chrétien-social a subi un désastre à Vienne. Cette double défaite, la seconde surtout, paraît de nature à retarder l’exécution des projets de transformation de l’Empire austro-hongrois. La France a partagé, même après Potsdam, surtout après Potsdam, le sentiment qu’a eu toute l’Europe d’une détente générale, d’une sécurité plus complète. « On peut dire que la situation générale s’éclaircit, disait la Neue Freie Presse du 20 décembre 1910; les deux camps subsistent en Europe, mais on n’éprouve plus, en les considérant, le même sentiment d’angoisse qu’autrefois. » En vain la presse allemande a voulu trouver,