270 UNE FORME NOUVELLE DES LUTTES INTERNATIONALES L’incident du Tatsu-Maru allait bientôt prouver aux Japonais la vérité du vieux dicton. Rappelons brièvement les faits : le 10 février 1905, dans la rivière de Canton, une canonnière chinoise visite un bateau des Messageries japonaises, le Tatsu-Maru, et le trouve porteur de quatre-vingt-seize caisses contenant chacune 24 fusils Mauser et de quarante-six caisses de munitions, le tout venant de Hong-Kong et destiné aux révolutionnaires du Kouang-Toung ; le vice-roi ordonne la confiscation du bateau et de la cargaison. L’affaire, en elle-même, était sans gravité, mais le baron Hayashi appartient à cette école d’hommes d’État japonais qui prétendent en imposer à la Chine par la force ; il prescrit à son ministre à Pékin de protester énergiquement contre la saisie d’un bateau qui se rendait à Macao, port portugais, et d’exiger que le navire soit relâché immédiatement, que des excuses soient présentées pour l’insulte au pavillon qui avait été amené et remplacé par le pavillon chinois, que les officiers de la canonnière soient punis et qu’une indemnité soit payée au Tatsu-Maru pour le retard subi par lui. Le gouvernement chinois, intimidé, cède (20 mars) ; sa faiblesse, et surtout l’âpreté hautaine, la mauvaise volonté évidente du Japon provoquent dans toute la Chine une violente explosion décoléré. Dès le 10 mars, les Cantonais tiennent un meeting monstre pour sommer le gouvernement de tenir bon et menacer les Japonais d’un boycottage. A la nouvelle de la capitulation du gouvernement, un nouveau meeting s’assemble ; la salle est toute tendue de blanc, en signe de deuil; une foule immense proteste contre « la honte soufferte par le pays » ; le boycottage de tous les articles japonais est décidé et, séance tenante, les commerçants apportent sur la place et brûlent ceux qu’ils ont en magasin ; les coolies refusent de décharger les bateaux japonais et les guildes annoncent que tout commerçant con-