216 LA POLITIQUE EUROPÉENNE grade des conseils de modération, il pouvait paraître naturel que l’Allemagne représentât amicalement à son alliée le danger qu’une politique intransigeante pourrait faire courir à la paix du inonde. Les ouvertures qui furent faites en ce sens ne furent pas accueillies à la Wilhelmstrasse. Il fut répondu que l’Allemagne s’abstiendrait d’autant plus de donner un conseil, si amical fût-il, à son alliée, qu’elle considérait que là Serbie était intervenue sans aucun motif valable dans la question de Bosnie, qu’elle n’avait pas été lésée, que ses revendications étaient hors du droit européen, et qu’aucune concession ne devait lui être faite. Cette réserve du Cabinet de Berlin n’impliquait ni un mauvais vouloir à l’égard de la France, ni le désir d’embrouiller les affaires et de pousser à des complications ; car, quelques jours après, à la suite d’une conversation avec M. Jules Cambon, ambassadeur de France, le prince de Bülow consentait à se joindre aux puissances de la Triple Entente pour faire, à Belgrade, une démarche pressante et, si l’on parvenait à obtenir de la Serbie une réponse de nature à satisfaire l’Autriche, pour demander ensuite, d’un commun accord, au Cabinet de Vienne de s’en contenter. Cette proposition transactionnelle aurait pu conduire à une solution honorable pour tous : elle échoua à Pétersbourg; M. Isvolski préféra faire seul, à Belgrade, une démarche par laquelle il engageait vivement la Serbie à persévérer dans ses intentions pacifiques, à renoncer aux armements, à abandonner ses revendications territoriales qu’aucune grande puissance n’était disposée à soutenir et à déclarer qu’il laissait « tout ce qui se rattache aux questions pendantes à la décision des puissances (2 mars). » Ce sont ces incidents qui expliquent le sens de la démarche faite, le 5 mars, par le comte Forgascli, ministre d’Autriche à Belgrade : il rappelait au gouvernement serbe que le traité de commerce venait a