LA. RIVALITÉ DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 5 croire qu’il doive fatalement aboutir à une guerre, ou si, au contraire, on peut le regarder comme un accident dans la vie de l’Europe contemporaine, en tout cas comme un phénomène d’origine surtout économique, pouvant se résoudre autrement que par l’appel au canon. Entre l’Angleterre et la Prusse, les traditions sont toutes d’amitié, d’alliances, de fraternité d’armes. Pour la querelle anglaise, la Prusse succombe à Iéna, Wellington et Blücher s’embrassent à la Belle-Alliance. La politique britannique, à travers tout le xixe siècle, favorise les progrès de la puissance prussienne : la Prusse a une armée forte et peu d’argent, elle peut donc servir, le cas échéant, les desseins du Cabinet de Londres ; elle les sert, en effet, en humiliant l’Autriche, en abattant la France. Le traité de Francfort est applaudi, en Angleterre, par l’opinion et accepté par le gouvernement ; il ne déplaisait pas, à Londres, que le nouvel Empire, par l’annexion d’une terre française, fît à la France une blessure inguérissable : les deux nations ennemies s’annihileraient ainsi, s’useraient l’une l’autre dans une hostilité sans trêve, pour le plus grand profit des spectateurs. Pour arrêter la Russie sur le chemin de Byzance, Disraeli, en 1878, lie partie avec Bismarck; par crainte de la descente slave vers les routes de l’Inde, l’Angleterre, au Congrès de Berlin, introduit l’Allemagne dans la Méditerranée. C’est le temps où Bismarck se félicitait, dans les termes que nous venons de rappeler, qu’il n’y eût entre l’Allemagne et l’Angleterre aucun conflit d’intérêts. Les deux familles royales