LA QUESTION ALBANAISE 315 gnon de Scanderbeg, a établie à leur usage et qui n’est que la codification des très antiques coutumes des montagnards, dont l’origine se perd dans la nuit des temps homériques. Attachés aux formes et aux rites du catholicisme, dont la valeur métaphysique et la portée sociale leur échappent, ils le sont davantage encore à leur fusil et à la loi immémoriale, forme rudimentaire de justice par le talion, qui veut que le sang ne puisse être effacé que par le sang. L’abbé mitré n’a ni abbaye, ni diocèse, mais il est le chef religieux des Mirdites1 ; nommé lui-même par le Saint-Siège, il nomme les curés de village dont l’instruction rudimentaire sulfit à un troupeau plus ignorant encore. On croit souvent que tous les Albanais catholiques sont des Mirdites, il n’en est rien ; les Mirdites ne comptent que 15.000 individus, tandis que le total des catholiques albanais dépasse 130 0002. La Mirditie est divisée en 5 baïraks ou bannières (Orosi, Spacci, Cumeni, Dibri, Paridi) dont les trois premières forment la Mirditie proprement dite; en temps de guerre cinq bannières d’Alessio se joignent aux Mirdites. Deux mille montagnards des environs de Diokova reconnaissent aussi l’autorité du chef des Mirdites. Si peu nombreux que soient ses habitants, la Mirditie tient une place importante dans la politique balkanique ; elle le doit surtout à sa religion. Petit noyau perdu entre la masse orthodoxe du Nord et la masse musulmane de l’Est, les Mirdites sont, dans toute la pénin- 1- Depuis 1888, le clergé mirdite est sous la dépendance directe de abbé et échappe à la juridiction de l’évêque d’Alessio. -• Vilayet de Scutari 115.000, de Kossovo (üskubj 12.000, de Janina <¡.1)00. Les Albanais catholiques ont gardé quelques pratiques rituelles e 1 Orient, telles que la communion sous les deux espèces. En Epire, ou. *'Albanais est en contact avec l’hellénisme, beaucoup d’Albanais uivent l’orthodoxie grecque. Au nord du Char-Dagh vivent d’autres f patriarchistes ; ce sont des Serbes qui, pour échapper au Ail ' Albanais, se >ont eux-mêmes albanisés. Le nombre total des Mais est d’environ un million et demi. Il n’a jamais été fait de recensement.