288 UNE FORME NOUVELLE DES LUTTES INTERNATIONALES pour celui qui ne s’en servirait pas à bon escient; il pourrait,, dans certains cas, faire plus de tort au boycot-teur qu’au boycotté. Il ne faudrait pas croire que si l’industrie et le commerce austro-hongrois ont subi des pertes considérables, les négociants turcs n’aient pas éprouvé, eux aussi, des dommages importants ; on doit faire entrer en ligne de compte la hausse des produits boycottés qui oblige le consommateur à de gros suppléments de dépenses, et, en outre, les droits de douane que l’État n’a pas encaissés. La hausse, en Turquie, a atteint, sur certains marchés, jusqu’à 80 pour 100 sur le sucre, à 23 et 30 pour 100 sur le pétrole et le papier. Les affaires sont les affaires, disent les Anglo-Saxons; les Turcs et les Chinois mettent en pratique d’autres maximes ; ils savent mettre même les affaires au service du patriotisme et ils ont montré qu’ils étaient capables de faire le sacrifice des intérêts particuliers au bien général. Les effets du boycottage ne cessent pas le jour où reprennent les relations normales entre les deux pays en lutte. Le boycottage est, à ce point de vue, une forme du nationalisme économique : nous avons vu les Chinois créer chez eux des industries et chercher à se mettre en mesure de produire les articles qu’ils ache -taient auparavant à l’étranger : c’est là du pur colbertisme. Les Turcs ont eu le même dessein; ils ont développé la fabrication nationale des fez; mais la période de boycottage a été trop courte pour permettre l’éclo-sion d’industries nationales que d’ailleurs la situation économique et financière du pays ne comporte pas. Les Turcs continueront donc à s’adresser à l’étranger; il est probable cependant que les Autrichiens ne recouvreront pas toute la clientèle qu’ils ont perdue ; un mouvement national aussi vif que l’a été ie boycottage en Turquie laisse après lui des rancunes dont les effets sont durables; certains produits boycottés ont été remplacés par des articles similaires venus de pays conçut'-