394 CINQUANTE ANS DE RÈGNE justement condamnés, il n’en resterait pas moins qu’ils ont pour eux cette force souveraine des temps actuels qui s’appelle l’opinion : du point de vue politique, c’est cela surtout qui importe. VI Le prince Nicolas fêtera, dans l’été 1910, entouré de sa nombreuse et illustre famille, le cinquantième anniversaire de son avènement; de grandes fêtes sont annoncées ainsi que de royales visites. Le Monténégro reconnaissant bénira son prince pour la grande œuvre qu’il a accomplie. Acclamé roi par ses sujets, le Prince, dit-on, demanderait à l’Europe de lui en reconnaître le titre. Ces solennités joyeuses seront pour lui l’occasion d’accorder une amnistie générale; il voudra, pour cette fête de famille, se voir entouré de tous « ses chers Monténégrins. » Puisse, ce jour-là, le fantôme de ceux qui ne peuvent plus être graciés ne pas troubler l'allégresse nationale! Lorsque enfin ces temps de tristesse et de calamité seront passés, les Monténégrins réconciliés se trouveront en face du problème de leur avenir. Le danger qni pèse sur toute l’Europe, nous voulons dire la mésintelligence, qui commence heureusement à s’atténuer, entre Vienne et Pétersbourg, est particulièrement redoutable pour eux. Dans un conflit entre l’Autriche et la Russie, ils seraient nécessairement entraînés; leur existence même serait en jeu; c’est dans cette crainte qu’ils complètent leur armement et fortifient les points stratégiques. Le port d’Antivari, libéré des entraves de l’article 29, a reçu au mois d’août 1909 toute une cargaison de grosses pièces de