16 INTRODUCTION elle apparaît comme la lutte de deux peuples pour la suprématie, comme une phase du grand drame politique qui constitue, d’âge en âge, la trame de l’histoire du monde et dont les guerres ne sont que les incidents violents, les crises aiguës; ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la supériorité commerciale et la royauté des affaires, c’est aussi la direction intellectuelle et morale du monde. Entre la pensée philosophique d’un peuple et l'organisation de sa vie historique, il y a corrélation étroite, action et réaction réciproque : le réalisme utilitaire et le matérialisme empirique des penseurs anglais sont en face de la métaphysique de la force bienfaisante et de la guerre civilisatrice des philosophes allemands. Ainsi, lutte pour le commerce, pour la suprématie des mers et l’empire des afiaires, mais aussi conflit d’idées, antagonisme de deux civilisations. III La concurrence commerciale est de tous les temps ; mais la lutte pour les débouchés n’est devenue si âpre que depuis le développement monstrueux de la grande industrie. « Le commerce dirigé d’après cette méthode, a écrit le grand historien anglais de l’impérialisme, J. R. Seeley, est presque identique à la guerre et peut difficilement manquer de conduire à la guerre. » Nous voilà loin des peintures allégoriques et des discours d’expositions universelles qui célèbrent « le commerce rapprochant les peuples ! » « Le commerce conduit à la guerre, dit encore Seeley, et la guerre nourrit le commerce *. » La concurrence, quand elle a pour ressort 1. J. R. Seeley, L’expansion de VAngleterre. Trad. par MM. J. B. Baille et Alfred Rambaud. Préface par A. Rambaud. Arm. Colin, 1885, in-16, page 134.