LE MONTÉNÉGRO ET SON PRINCE 363 rassurer, les remercier et leur promettre qu’en cas de vrai danger, la patrie ne les oublierait pas. Le Monténégro a deux ports, la rade d’Antivari et la petite baie de Dulcigno, mais l’un et l’autre sont séparés, par de hautes montagnes, de l’arrière-pays dont ils devraient être le débouché ; il fallait donc, pour tirer parti des ports, leur créer des voies d’accès du côté de la terre et les aménager du côté de la mer. Une compagnie italienne a entrepris tous les travaux à faire à Antivari : une jetée prolongeant un promontoire naturel achèvera bientôt d’enfermer un beau bassin en eau profonde; la vieille cité d’Antivari commence à quitter le rocher où elle est si pittoresquement perchée, parmi ses oliviers centenaires, pour descendre au bord de la mer dans la plaine drainée et assainie. La jolie villa de Topolitza, appartenant au prince héritier, jalonne l’emplacement où est déjà tracée la future « promenade des Anglais » de cette « Nice de l’Adriatique », dont le prince Nicolas veut doter son pays. Le « port franc » d’Antivari a été inauguré le 24 octobre 1909 ; on travaille à le doter des magasins et de l’outillage nécessaires. Malheureusement la rive Nord de la baie d’Antivari et les collines de Spizza qui la dominent appartiennent à l’Autriche ; le territoire dalmate barre de ce côté les avenues du port monténégrin. A l’Est, entre la petite plaine d’Antivari et le lac de Scutari, s’élève l’épais massif du Roumia qui atteint 1.500 mètres d’altitude; une route le traverse et on a inauguré, il y a quelques mois, un chemin de fer à voie étroite qui grimpe et serpente au milieu des rochers, traverse en tunnel la dernière crête et redescend, par des lacets vertigineux, sur la plaine de Vir-Bazar et le lac. Mais ce chemin de fer, qui a coûté très cher et a été très mal construit, est absolument insuffisant pour alimenter le trafic d’un grand port. Du côté Sud, l’accès de la rade d Antivari est moins difficile; par là les Monténégrins