ET l’annexion DE LA BOSME-IIERZÉGOVINE 225 •celier choisissent le « moment psychologique », et, montrant d’un geste les soldats et les canons de l’Em-pire, terminent la crise en quelques heures; après quoi, ils paraissent sur le devant de la scène en sauveurs de la paix européenne1. C’est l’Allemagne qui, grâce à cette tactique habile, a recueilli les bénéfices. Comme deux chevaux de la même écurie, l’Allemagne et l’Autriche ont été d’intelligence pour faire la course ; mais, si c’est l’Autriche qui a mené le train, c’est l’Allemagne qui a gagné le prix. La conférence avortée a été pour l’Allemagne l’occasion d’une revanche de sa déconvenue à la conférence d’Algésiras ; les deux crises se sont développées dans des conditions sinon analogues, du moins comparables, mais elles diffèrent par la conclusion. De même que la question du Maroc n’avait été pour le prince de Bülow, le mot est de lui, que « l’occasion d’une riposte nécessaire2 », qu’un prétexte pour essayer la force de résistance de l’entente franco-anglaise, de même aussi la question de Bosnie a été une occasion de mettre à l’épreuve la Triple Entente de l’Angleterre avec la Russie et la France. Si l’issue n’a pas été la môme, ce n’est pas à la solidité de l’une ou de l’autre combinaison qu’il en faut demander le secret; mais, au Maroc, l’Allemagne était mal engagée, elle nous cherchait une querelle maladroite ; dans les affaires de Bosnie, au contraire, c’est la Russie, nous l’avons montré, qui n’avait pas les mains libres. 11 sera permis de dire aussi que, du côté do la Triple-Entente, la campagne de Bosnie fut moins bien conduite que celle d’Algésiras. Tout l’effort de la politique allemande s’emploie à Voyez le discours du prince de Bülow le 29 mars 1909 au Reichs-tag, dans l’excellent livre de M. André Tardieu : Le prince de Bülow (Calmann-Lévy, 1909, in-12) page 199. 2 Conversation du prince de Bülow avec M. A Tardieu à Baden-Baden (Ibiu., p. 97). 15