LE BOYCOTTAGE 267 Hankéou, la grande métropole commerciale du Yang-Tse, où les Américains ont des intérêts considérables, le mouvement s’étend dès la fin de juin et gagne les principales villes commerçantes de l’intérieur; le commerce yankee subit des pertes énormes. — A Amoy on affiche, le 22 juillet, sous le sceau des guildes, un placard très caractéristique où il est expliqué que : « si les Chinois ne persévéraient pas dans la campagne vigoureuse entreprise contre les produits américains, rien n’empêcherait la Grande-Bretagne, la France, la Hollande et le Portugal de persécuter les Chinois à l’instar des États-Unis. » Même hors du territoire de l’Empire, les négociants chinois s’associèrent au mouvement anti-américain ; jusqu’au Japon, en Indo-Chine et dans les Établissements des Détroits, les communautés commerçantes chinoises prennent part au boycottage. A Hong-Kong, qui reçoit près de 50 millions de francs de marchandises américaines par an et qui les réexpédie dans l’Empire du Milieu, la Chambre de commerce ciiinoise (chinese commercial Union) s’émeut et veut, elle aussi, faire montre de son patriotisme économique; mais les autorités anglaises s’opposent à l’organisation du boycottage. La plèbe chinoise de Hong-Kong, où de nombreux réfugiés forment un élément turbulent et révolutionnaire, essaye, de son côté, des manifestations dans la rue que la police anglaise a beaucoup de peine à réprimer. M. Tafl, à son passage dans l'île, écoute les doléances des commerçants chinois et américains et convient que les règlements en vigueur à San Francisco sont trop rigoureux, mais il proteste contre le boycottage illégal et contraire aux traités. Son intervention n empêche pas les commandes des négociants chinois aux États-Unis de diminuer dans de fortes proportions. H paraît avéré que, durant les premières semaines, le gouvernement de Pékin ne découragea pas le boycot-