DANS LA POLITIQUE DANUBIENNE ET BALKANIQUE 409 portèrent chez leurs alliés comme en pays conquis; ils n’ont pas laissé un bon souvenir dans les villages moldaves. Il fallut toute la diplomatie fière et conciliante à la fois du roi Carol, pour éviter, dans ces circonstances difficiles, une catastrophe ou une humiliation nationale. C’est depuis cette époque que la dynastie de Hohen-zollern est devenue, en Roumanie, une royauté vraiment nationale. La Bulgarie, cependant, ne tarda guère à secouer la tutelle un peu lourde du « tsar libérateur » et de ses généraux; les défiances des Bulgares à l’égard de la Russie, leur passion pour une indépendance complète ont beaucoup servi la Roumanie dans l’œuvre de son propre affranchissement. Le redoutable étau qu’elle avait craint un moment de voir refermer sur elle ses puissantes mâchoires, desserrait son étreinte; la Roumanie respirait. Mais la leçon n’a été perdue ni pour elle, ni pour son roi. Celui-ci s’est appliqué avec une sollicitude plus active que jamais au renforcement et à l’instruction de son armée. Aujourd’hui la Russie, même en cas de conflit avec la Turquie, ne serait plus tentée de violer le territoire roumain et d’y prendre de force un passage qui ne serait pas accordé de gré. Dans tout conflit danubien ou balkanique, les puissances devraient compter avec la Roumanie et son armée. II La Dobroudja, cette terre de landes et de marais que le traité de Berlin a donnée aux Roumains et que leur énergie colonisatrice a déjà métamorphosée, remplit, ordonnera l’occupation de la Roumanie et le désarmement de l’armée roumaine. » (D’Avril, Négociations relatives au traité de Berlin, p. 393. Leroux, in-8°.)