LA RIVALITÉ DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 9 assez ; c'est la suprématie « mondiale » qui doit appartenir à l'Empire : « Votre Altesse Royale1 a pu se convaincre combien les flots de l’Océan heurtent avec violence à la porte de notre peuple et le forcent à revendiquer, comme un grand peuple, sa place dans le monde et à dire son mot dans la politique mondiale. L’Océan est indispensable à la grandeur de l’Allemagne. Mais l’Océan nous enseigne aussi que sur les flots et sur les plus lointains rivages, aucune grande décision ne peut plus être prise sans l’Allemagne et sans l’Em-pereur allemand. Je ne pense pas que ce soit pour se laisser exclure des grandes affaires extérieures qu’il y a trente ans, notre peuple, conduit par ses princes, a vaincu et a versé son sang. Si le peuple allemand se laissait traiter ainsi, ce serait, et pour toujours, la fin de sa puissance mondiale ; et je ne veux pas qu’il puisse en arriver là. Employer pour l’empêcher les moyens convenables, au besoin même les moyens extrêmes, c’est mon devoir et mon plus beau privilège, et je suis convaincu que, le cas échéant, j’aurais derrière moi, énergiquement résolus à me suivre, tous les princes et tous les peuples de l’Allemagne. » Il y a, dans l’expansion allemande, un côté matériel et un côté idéaliste. Le « matérialisme économique » de Marx y trouverait des arguments, mais aussi 1’ « idéalisme historique. » L’habitude de la victoire donne aux peuples l’esprit d’entreprise et l’audace des initiatives heureuses. L’essor industriel de l’Allemagne occidentale est né du succès des armées allemandes ; mais, à son tour, c’est lui qui a engendré et rendu indispensable l’expansion commerciale et maritime. Les origines de cet essor inattendu et les causes de son succès ont été souvent et depuis longtemps analysées, trop 1. Le prince Rupprecht de Bavière. — 4 juillet 1900, pour le baptême du cuirassé Wiltelsbach.