170 l’annexion de la. bosnie-herzégovine dans l’arène, et c’est elles, en définitive, qui décident de la victoire. Le gouvernement de l’Empereur, en étendant ses droits de souveraineté sur la Bosnie et l’Herzégovine, a cru simplement tirer les conséquences logiques et nécessaires des prémisses posées par l’Europe au Congrès de Berlin et réaliser une annexion implicitement consentie depuis trente ans ; le trouble qui en est résulté en Europe a été pour lui une surprise ; il ne s’était rendu compte ni des circonstances, ni du moment; il suivait les errements anciens de la politique des convenances. « Les convenances de l'Europe sont le droit », disait le tsar Alexandre dans sa fameuse conversation avec Talleyrand le 1er octobre 1814, à Vienne. Malgré les partis « libéraux » qui invoquent les droits des peuples, ce sont, jusqu’au milieu du xix° siècle, « les convenances de l’Europe », c’est-à-dire l’accord des souverains et des ministres des cinq grandes puissances ou delà majorité d’entre elles, qui décident souverainement du sort des peuples. Melternich, enfoncé dans ses principes, inspire cette harmonie des rois. La république de 1848, par la voix de Lamartine, s’adresse aux peuples; elle n’a le temps que d’alarmer les princes. Napoléon III déteste tout ce qui rappelle la Sainte-Alliance et poursuit l’abolition des traités de 1815; mais l’idée précise et concrète, fondement réel du concept de nationalité, que les peuples ont un droit imprescriptible à disposer d’eux-mêmes, devient, dans le cerveau chimérique de l'Empereur, un principe vague et abstrait, le « principe des nationalités », où la notion m;tl définie de la « race » et de la communauté du langage vient fausser la conception démocratique du droit des peuples. Du moins Napoléon 111 eut-il le mérite de donner, le premier, l’exemple en faisant, pour la Savoie et Nice réunies à la France, une heureuse application du principe. Bismarck, à l’idée démocratique de la