LA. RIVALITÉ DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 23 des causes du différend qui amena la chute du tout-puissant chancelier ; et, de fait, on a vu son successeur, le comte de Caprivi, incliner ouvertement vers une politique d’entente avec le cabinet de Londres. Le prince de Hohenlohe, dans ses rapports avec le gouvernement anglais, paraît s’être laissé guider par les événements ; mais, dès son arrivée au pouvoir, le comte de Bülow, dans son premier discours au Reichstag, revendique pour l’Allemagne « sa place au soleil » ; l’expansion allemande au dehors est l’objet de tout son zèle. « Comme les Anglais et les Français, déclare-t-il, nous prétendons à la « plus grande Allemagne »... Nous ne permettrons pas que l'on conteste ou que l’on limite le droit que nous avons à une politique mondiale réfléchie et raisonnée 4. » On ne saurait dire qu’il y ait, chez le chancelier, l’intention préconçue de heurter les intérêts anglais, mais tout naturellement l’expansion de l’Allemagne, son immixtion dans des affaires de plus en plus nombreuses, multiplie entre elle et l’Angleterre les « surfaces de friction » ; la Weltpolitik est donc bien la véritable cause de la rivalité anglo-allemande. L’Empereur est le véritable maître de la politique extérieure allemande ; mais, moins encore que ses mini très, il réussit à en assurer l'unité. Il a manqué, à cet esprit merveilleusement souple et compréhensif, la leçon de l’infortune; lui, qui n’a pas fait la guerre, il est resté le vainqueur, toujours prêt à faire parade de sa force ; héritier d’une situation toute faite, dont il a connu la gloire et non pas les périls, il agit en homme à qui sa propre grandeur et celle de son pays est parfois une entrave; son esprit perspicace discerne les tissures que le temps, les progrès du libéralisme et du socialisme, la 1. Cf. André Tardieu, La France et les alliances. La lutte pour l’équilibre. 3' édition. Alcan, 1910, in-12. — Du même auteur : Le prince de Bülow. Calmann-Lévy, 1909, in-12.