LA RIVALITÉ DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 25
rassés en même temps qu’il porte en Angleterre des paroles de paix et d’amitié ; ou bien il fait alterner un discours belliqueux à Metz ou à Strasbourg avec une attention courtoise envers la France ou une conversation amicale avec l’un de ses représentants. Il s’étonne, dit-on, que l’on s’étonne; ces apparentes contradictions sont bien moins, en effet, le signe d’une intelligence versatile que la conséquence des contradictions irréductibles qui grèvent la politique de l’Empire allemand *.
  Il	est superflu de rappeler ici toutes les fluctuations des relations de Guillaume II avec l’Angleterre ; il suffit d’en avoir analysé les causes profondes. C’est à partir de 1895 2 que les relations entre l’Empereur allemand et la Cour d’Angleterre devinrent plus froides ; pendant son séjour à Cowes, dans l'été, le petit-fils de la reine Victoria s’était montré plein de déférence pour sa grand’-mère, mais très réservé sur la politique et décidé à ne rien céder de ses projets sur mer et outre-mer. La dépêche au président Kriiger (2 janvier 1896), après le succès remporté sur Jameson par les Boërs, exaspéra l’irritation des Anglais. On a récemment discuté sur les origines et la rédaction du fameux télégramme : quel que soit celui à qui en remonte la responsabilité, il est certain que l’Empereur, en l’envoyant, a voulu affirmer que les Boërs, qui luttaient là-bas contre la prépondé-
  1.	Sur toutes ces contradictions, voyez les articles, si pleins de faits et d’idées, de M. Henri Moysset dans le Correspondant des 25 juillet et 10 septembre 1909, 25 novembre 1910, 25 février 1911. Ces articles vont être réunis en un volume sous le titre : L’esprit public en Allemagne vingt ans anrès Bismarck. (Alcan, in-8°.)
  2.	Déjà l’Allemagne, en 1894, avait protesté vivement contre la convention anglo-belge du -12 mai et obtenu la renonciation de l’Angleterre à la clause qui lui attribuait à bail une bande de 25 kilomètres de largeur, reliant la pointe nord du lac Tanganyika et la pointe sud du lac Aibert-Edouard. c’est-à-dire l’Egypte et le Soudan avec 1 Alrique du Sud Cf. Hanotaux : Le partage de l'Afrique : Faclioda p. 75. (Flammarion, 1909, in-12.)