DE LA JEUNE TURQUIE 127 la ville, les habitants se croient délivrés ; mais les Turcs sont furieux, ils n’ont trouvé qu’un petit nombre d’armes et aucune trace piécise d’Aposlol. Sur le soir, sans aucun prétexte, tous les Bulgares réunis par groupes de 100 à 200 personnes, sont parqués dans la rue sous la garde des soldats, et jusqu’au mardi à quatre heures après-midi, il ne leur est permis ni de se coucher, ni de s’asseoir, ni de manger, ni de boire. Lorsqu’ils furent eniin délivrés, les malheureux, les jambes enflées et noires, défaillaient. Dans les campagnes environnantes, les paysans sont encore plus maltraités; aux uns, mis à genoux, on place des cailloux coupants dans le pii de la jambe, puis on les frappe à coups de bâton sur les cuisses; à deux autres on met des œufs brillants sous les aisselles et on leur lie les bras ; le nommé Athanase, de Radomir, est lié à un mûrier, les mains passées derrière l’arbre, la tête au grand soleil et il y reste trois jours sans manger ni boire; un autre reste deux jours les bras attachés en croix; des femmes sont battues. Plusieurs Bulgares moururent des suites des tortures subies. Aucun Serbe, aucun Grec ne fut molesté; au contraire, du côté de la frontière de Thés-salie, ce sont les Grecs qui sont traqués, et, dans le Nord du vilayet de Kossovo, ce sont les Serbes qui pâtissent *. 1 Nous avons raconté ces scènes d’après des documents personnels puisés aux sources les plus sûres et les plus impartiales. Ces faits ont été exposés très courageusement à la Chambre ottomane par les députés de la Macédoine, notamment par les députés l'antche Doreff et Pavloff. D'après le député Pavloff, 4.980 personnes auraient été battues ou torturées au cours des opérations de désarmement. Une brochure, signée t’ocief O, et écrite par un éminent diplomate bulgare, a paru en France postérieurement à notre article de la lievue des Deux Mondes; elle donne avec détails laliste des Bulgares assassinés ou disparus et raconte les scènes barbares auxquelles a donné lieu le désarmement. Nous n’avons pas voulu faire état de ces documents, ni d’aucun de ceux qui émanent d’une source bulgare, serbe ou grecque, quelque confiance que nous ayons dans leur véracité, afin que personne ne puisse contester l’impartialité de nos renseignements. [La vérité sur le