DANS LA ROUMANIE DANUBIENNE ET BALKANIQUE 415 rendre visite au roi Carol avant de partir pour les eaux de Bohême où il devait rencontrer le comte d’Æhren-thal et M. de Kiderlen-Wæchter. Nous dirons dans le chapitre suivant quelle serait l’attitude de la Roumanie dans le cas où les Étals balkaniques chercheraient à se grouper en une Confédération. Si la combinaison était dirigée contre l’Empire ottoman, la Roumanie refuserait d’y entrer, et son abstention la ferait échouer ou la paralyserait. S’il s’agissait au contraire d’une Confédération générale où la Turquie aurait sa place, la Roumanie n’aurait aucune raison de s’en tenir éloignée: elle s’y agrégerait sans doute et sa politique s’en trouverait peut-être radicalement modifiée; elle pourrait prendre appui sur les États balkaniques pour faire face au Nord et poursuivre, en face de l’Autriche et de la Russie, une politique « panroumaine ». Il n’est, en politique, opposition si résolue qui ne se laisse fléchir si elle reçoit ce que les diplomates appellent, d’un si joli euphémisme, ses « apaisements ». Quelles que soient les sympathies personnelles du souverain, son gouvernement et lui-même sont guidés par les seuls intérêts de la nation roumaine. Si, dans un remaniement territorial des États de la péninsule, la Roumanie trouvait la satisfaction de ses ambitions légitimes et recevait les garanties qu’elle juge nécessaires, pourquoi se refuserait-elle à une entente avec la Bulgarie? Peut-être même ses démonstrations ne seraient-elles menaçantes que dans le secret dessein de stipulerun prix plus avantageux de sa retraite? Il n’est pas difficile de deviner en quoi pourraient consister, en pareil cas, les «apaisements » delà Roumanie ; ilsuffitde se reporter aux débats du Congrès de Berlin et aux négociations diplomatiques auxquelles a donné lieu l’opération de la délimitation. Il faut se souvenir que, pour rendre moins amer aux Roumains l’échange de la Bessarabie méridionale contre la Dobroudja, exigé par le Tsar et Gort-