LA QUESTION ALBANAISE 323 La Constitution, les montagnards albanais ne savaient guère ce que c’était ! Mais les officiers jeunes-turcs échauffèrent leur patriotisme, surexcitèrent leurs passions xénophobes ; ils leur représentèrent la Constitution comme le seul moyen d’empêcher l’exécution du programme de Revel et de mettre fin à l’immixtion de l’Europe dans les affaires de l’Empire ottoman; la Constitution, ce serait le retour à la loi du Chériat, le respect assuré des coutumes nationales, la libre ouverture d’écoles albanaises ! Plus lard, les Albanais s’aperçurent qu’on les avait leurrés de promesses fallacieuses et que la révolution avait un caractère turc, nationaliste et centralisateur; aussi, en général, accueillirent-ils avec faveur le mouvement contre-révolutionnaire du 13 avril 1909. Mais, dans les premières semaines, l’enthousiasme fut général : Constitution et attachement aux coutumes, à la langue et aux privilèges albanais ne faisaient qu’un dans l’esprit simpliste des Arnaoutes. Tandis qu’à Salonique et à Constantinople, le Comité U. et P. proclamait qu’il n’y avait plus, dans l’Empire, ni Turcs, ni Bulgares, ni Arméniens, ni Albanais, ni musulmans, ni chrétiens, mais seulement des citoyens ottomans, fidèles au Sultan et à la Constitution, libres «t égaux en droits, à Tirana et à Elbassan, des réunions nationalistes proclamaient que l’albanais devait être la langue officiello de l’Albanie, réclamaient l’ouverture d écoles albanaises et distribuaient des livres en langue albanaise imprimés à Sofia. En novembre, sur l’invitation du club albanais de Salonique, des délégués des Albanais musulmans et chrétiens des vilayets de Salonique, Monastir, Kossovo et Janina se réunissaient en congrès à Monastir pour y discuter l’adoption d’un alphabet albanais. Deux opinions s’y trouvèrent en Présence : les uns préconisant le maintien de l’alphabet latin déjà en usage et les autres demandant l’adoption 1 alphabet arabe. La réunion se prononça pour l’ai-