456 UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? ni au germanisme ; leurs compétitions cesseraient devant le triomphe du latinisme. Un prince italien régnerait sur l’État Macédono-Albanais. Le roi d’Italie,, proclamé Empereur, deviendrait le protecteur de la confédération qu’il aurait pour mission de garantir contre les ambitions de la Russie aussi bien que de l’Autriche. Constantinople serait ville libre, avec la Thrace pour banlieue, et serait gouvernée par un lieutenant impérial ; la croix de Savoie flotterait au-dessus-de Sainte-Sophie ; la langue italienne serait la langue de la confédération. Chaque État conserverait son autonomie, son souverain, son armée, son drapeau, sa représentation diplomatique, comme dans la Confédération germanique après 1815; une diète fédérale se réunirait pour la première fois à Rome, et ensuite dans une ville qu’elle-même choisirait, Salonique par exemple, jusqu’à ce que, la situation légale de Constantinople et sa sécurité militaire étant bien assurées, la capitale fédérale pût y être établie. Ainsi serait enfin trouvée la solution du problème oriental. Rome, comme au temps de Paul-Émile, apporterait en Orient la civilisation latine. Le rêve épique du prince de Monténégro serait réalisé : « l’impératrice des Balkans » serait sa propre fille. Ce plan, ingénieusement étudié, est curieusement révélateur de certaines tendances. A peine est-il besoin de dire que son vice capital serait, sous prétexte d’écar-ter des Balkans l’Autriche et la Russie, d’y introduire l’Italie, qui ne serait pas plus discrète. L’heure de l’Em-pire latin de Constantinople est passée depuis sept siècles et ne reviendra pas. En Occident aussi, des projets de confédération balkanique ont vu le jour; ils ont, en général, le mérite d’être désintéressés et l’inconvénient de rester nécessairement platoniques ; ils se rattachent presque tous au. mouvement d’idées libéral, révolutionnaire même,,