196 LA POLITIQUE EUROPÉENNE volonté des hommes, il a mis aux prises les groupements rivaux qui se partagent l’Europe et qui cherchent à y exercer une influence prépondérante. Nous avons vu comment l’Europe était entrée dans la crise : voyons comment elle en est sortie. L’histoire d’une telle bataille diplomatique, ses grandes phases, ses incidents marquants, ses résultats pour chacun des combattants, c’est ce que nous voudrions exposer. I « Napoléon arrive; il est dans l’air! » s’écriaient les généraux de la Coalition, lorsque, à l’activité des troupes françaises, à la précision de leurs mouvements, ils reconnaissaient la présence d’une volonté souveraine et ordonnatrice. « Bismarck est dans le jeu, il tient les fils, il inspire les diplomates et prépare les événements », c’est, quand on étudie l’histoire de la grande crise qui, de 1875 à 1878, a si rudement secoué et troublé l’Europe, la réflexion qui s’impose à l’esprit. La continuité dans les desseins, la coordination dans les actes, la pré' vision lointaine, conséquence de la vision précise des réalités et de l’évaluation exacte des forces, c’est, dans l’histoire, la marque des grands maîtres de la guerre ou de la politique. Rien de tel n’apparaît dans l’histoire de la crise balkanique qui vient de s’achever ; dans 1® complexité des négociations, si l’on cherche un fil conducteur, on ne le trouve pas, ou l’on en trouve plu" sieurs, qui s’enchevêtrent. La politique se fait au joui le jour, sans plan, sans méthode, sans grandes vues • les événements conduisent les hommes, et non les hommes les événements. Il est permis, tout en rendant hommage à ses capa'