LA RIVALITÉ DE l’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 45 ralentis, au contraire; les deux pays luttent à coups de Dreadtiought et aussi à coups de milliards; c’est un jeu qui n’est pas sans danger et qui peut conduire à une catastrophe financière; mais, pour le moment, on affirme de part et d’autre que la construction hâtive de tous ces grands cuirassés n’a aucun caractère agressif (discours de M. de Schœn et de sir Edward Grey, fin mars 1909 ; discours de M. de Bethmann-Hollweg, 5 mars 1910). Le chancelier allemand, pour donner aux vœux utopiques du premier ministre anglais une satisfaction platonique, a paru disposé à accepter en principe des échanges de vues entre les deux pays au sujet des armements maritimes. Le gouvernement et la presse libérale en ont exprimé une satisfaction quelque peu naïve. Répondant à une motion socialiste qui l’engageait à prendre l’initiative de démarches pour amener la limitation des armements par une entente internationale, M. de Bethmann-Hollweg, le 29 mars 1911, a remis les choses au point; voici quelques passages de son discours très sensé et très net1 : « Au cours du débat, on a fait également mention des déclarations que le ministre des Affaires étrangères d’Angleterre a faites récemment à la Chambre des Communes sur la question du désarmement. Le ministre anglais y a exprimé l’idée qu’un échange réciproque de notes, au sujet des constructions navales des deux pays, mettrait à l’abri des surprises, afin que les deux pays aient la conviction qu’ils ne sont pas dépassés l’un par l’autre. Les autres puissances seraient par là fixées au sujet des rapports de l’Allemagne et de l’Angleterre, et ainsi cet échange de renseignements serait profitable, d’une façon générale, à la cause de la paix. Nous pouvons nous rallier d’autant plus vite à cette idée, que notre programme de constructions navales a toujours 1. Voyez la traduction dans les Questions diplomatiques et coloniales, du 16 avril 1911, p. 500.